Abstract
On soutient souvent que le bien moral, l’activité intellectuelle correcte et les plaisirs comme tels sont des biens dans le même sens. Mais la réflexion montre que, tandis que les deux premiers sont des biens au sens de choses à admirer, le plaisir comme tel n’est jamais à admirer, simplement pour son caractère plaisant. Pourtant nous sentons le devoir de produire certains plaisirs qui ne sont pas à admirer, c’est-à-dire qui sont moralement neutres, par exemple des plaisirs des sens pour les autres, et, d’une manière encore plus évidente, le devoir de ne pas produire pour eux des peines des sens, moralement neutres. C’est pourquoi il paraît que, à côté du sens du mot « bien » comme « digne d’admiration », nous devons reconnaître un autre sens, celui de « digne d’intérêt », et qu’il est autant de notre devoir de produire ce qui est bien en ce sens que ce qui est bien dans l’autre sens.