Abstract
Cet essai entend lire Benedetto Croce et Robert Brandom en parallèle, à travers la centralité de la notion d’expression dans l’esthétique de Croce et dans la sémantique de Brandom. Après une première section répondant à certaines objections préliminaires à cette opération herméneutique, l’analyse est développée en deux sections successives. Tout d’abord, les divergences et les convergences entre les deux auteurs concernant la pertinence épistémologique du concept d’expression sont identifiées. Dans les deux cas, l’accent est mis d’une part sur l’articulation comme caractéristique indispensable de l’expression et d’autre part sur la normativité qui distingue clairement l’acte expressif de la simple extrinsécation (« estrinsecazione »). Ensuite, l’accent est mis sur une caractéristique sociale et politique, explicitement non élitiste, des deux auteurs, en quoi réside aussi leur actualité. L’acte expressif, dans ses manifestations esthétiques (Croce) et conceptuelles (Brandom), met effectivement en lumière des structures affectives et cognitives qui, par cet acte seulement, deviennent l’héritage commun d’un sentiment et d’une pensée partagée.