Abstract
Michel Seymour | : Dans ce texte, j’examine sur un mode programmatique la relation qui existe entre les peuples et les territoires. Les frontières des peuples souverains sont-elles sacrées, naturelles et absolues, voire irréfragables ? Le territoire a-t-il une importance identitaire ? Si oui, cette relation identitaire repose-t-elle sur l’attachement sentimental des citoyens ou sur une préférence rationnelle ? Doit-on plutôt l’expliquer par un rapport historique ? Le territoire est-il un élément constitutif de l’identité d’un peuple ? Le principe de l’intégrité du territoire a-t-il une priorité absolue sur le principe affirmant le droit à l’autodétermination des peuples ? Tel est l’éventail de questions qui peuvent être posées en ce qui concerne la relation entre les peuples et leurs territoires. Je veux présenter une perspective qui me semble être originale. Dans la perspective du libéralisme politique, je pars d’une conception institutionnelle du peuple. Je me propose d’indiquer ensuite comment cette approche permet d’envisager des réponses à ces questions. | : In this paper, I examine in a programmatic fashion the relationship between peoples and territories. Are the borders of sovereign peoples sacred, natural and absolute, or even irrebuttable ? Does territory plays an important role for identity ? If so, is this relationship based on the sentimental attachment of citizens or on a rational preference ? Should it be explained instead by a historical relationship ? Is territory even constitutive of the identity of a people ? Does the principle of territorial integrity have priority over the principle asserting the right to self-determination of peoples ? Such are the issues that can be raised concerning the relationship between peoples and their territories. I want to present an account that I take to be original. In accordance with political liberalism, I start from an institutional conception of peoples. I then indicate how this approach allows to consider answers to some of these questions