Abstract
Des œuvres littéraires et philosophiques majeures des xix e et xx e siècles sont mises en correspondance, jusque dans les années 1960, où sont abandonnées les anciennes références au moi exalté des romans introspectifs, au sens du monde historique des grandes épopées idéologiques, et à l’idéal absolu de l’art, de la religion, de la métaphysique. Cet abandon conduisit à des cas extrêmes d’indifférenciation entre littérature et sciences humaines. Toutefois, l’engouement parallèle pour une autobiographie existentielle non réductionniste ou pour l’enquête policière allégorisant en première personne la réflexion métaphysique, de même que le déferlement des romans de science-fiction cosmiques et théologiques, semblent témoigner du déplacement déguisé d’un désir refoulé, celui de trois absolus, le moi, le monde, Dieu, plutôt que de son irréversible disparition.