Abstract
Selon quels critères et selon quels présupposés l’exercice philosophique se révèlerait-il plus à même d’éveiller à la citoyenneté que d'autres disciplines ou savoirs ?
Comment pouvons-nous défendre l’idée d’une réelle contribution à « l’éducation à la citoyenneté par la philosophie », c’est-à-dire d’examiner la valeur publique des usages de l’enseignement philosophique ? L’exercice philosophique et la pratique éducative sont-ils foncièrement consubstantiels ?
Comment les institutions scolaires et universitaires peuvent-elles prendre en charge la complexité d’une notion qui dépasse très largement leurs traditionnelles attributions et compétences et être à même de proposer une « éducation à la citoyenneté » ?
A l’inverse, comment l’exercice philosophique est-il à même d’incarner au plan pédagogique l’expression de la citoyenneté ?
La philosophie comme projet intellectuel et pratique réflexive singulière, semble en France, indéfectiblement solidaire d’une condition politique qui serait celle d’une pratique démocratique de l’argumentation, du raisonnement et de la délibération. En retour, la citoyenneté constituerait alors, pour la plupart des philosophes et des enseignants de philosophie , la condition sine qua non de tout authentique exercice de l’expression philosophique.
Cet ensemble d'interrogations et ce constat soulèvent, entre autres choses, l’idée que la citoyenneté et la possible « éducation à la citoyenneté » ne sont sans doute pas aussi manifeste qu’il le semble.
Car, la citoyenneté, ne nous en déplaise, est bien moins une indéfectible attribution à tel ou tel être humain, en vertu de droits humains considérés comme naturels et associés comme tels à l’idée de citoyenneté, que relativement à un statut politique conféré à l’aune de tels ou tels normes ou critères.