Abstract
Cet article s’inscrit dans une réflexion sur le tournant que représente la philosophie politique moderne. Il a pour but de déconstruire la manière dont Michel Villey expose ce tournant : dans des cours professés entre 1961 et 1966 à la Faculté de droit de Paris, ce dernier extrapole, à la pensée juridique moderne, le mythe de l’« augustinisme politique », qui avait été forgé par Henri-Xavier Arquillière pour caractériser la source principale des doctrines théocratiques médiévales. Cette déconstruction montre que la philosophie politique moderne provient certes d’un motif central de la Cité de Dieu, mais ce motif subit une double interprétation qui en modifie la signification : Luther accomplit le passage du motif spirituel des deux cités au problème théologico-politique des deux régimes, tandis que Hobbes fait entrer ce problème en philosophie sur la base des principes de la métaphysique classique.