Abstract
Martin Thibodeau | : Récemment, plusieurs commentateurs ont manifesté un intérêt renouvelé pour la théorie hégélienne de l’action. Certes, ces auteurs se sont intéressés à divers aspects de cette théorie, mais un des éléments qui a fait l’objet de vifs débats est celui du statut que Hegel assigne à l’intention dans l’évaluation de l’agir humain. Cet article est consacré à ce débat entre les tenants d’une interprétation selon laquelle Hegel défend une conception « rétrospective » de l’intention et ceux qui soutiennent qu’il maintient une conception qui se situe plutôt dans le prolongement des théories de type « causalistes » des rapports entre intention et action. En fin de parcours, nous nous employons à faire valoir l’hypothèse suivante : certains aspects de la théorie hégélienne de l’action trouvent leur modèle dans l’interprétation qu’il a proposée de la conception tragique de l’agir. | : In recent years, much attention has been devoted to Hegel’s philosophy of action. Authors have dealt with Hegel’s philosophy of action in diverse ways, adopting differing perspectives and goals. Despite these variations, Hegel’s views on the status and role that ought to be assigned to intentions with respect to action have received particular attention and have generated heated debates. The following paper is devoted to this debate between interpreters who hold that Hegel’s philosophy of action defends a so-called “retrospective” conception of intention and those who rather claim that, in spite of its ambiguities, it remains in line with the “causal” conception of the connection between intention and action. The second section explores the following hypothesis : important elements of Hegel’s theory of action find their model in his interpretation of ancient Greek tragedy