Dialogue 19 (4):575-589 (
1980)
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Abstract
Le lecteur attentif du traité De l'âme et des Parva naturalia sera troublé par une ambiguïté profonde sous-jacente à toute la longue discussion de la perception dans ces œuvres. Il s'agit de savoir si la théorie d'Aristote se veut une théorie d'ordre physiologique prise au sens littéral, ou si elle se veut plutôt une théorie métaphysique, qui doit donc être prise au sens métaphorique. La doctrine en question se résume comme suit: un sens, en percevant, reçoit en lui-même la forme de l'objet perçu sans la matière. Selon l'interprétation physiologique, il faudrait entendre par là que lorsqu'un homme regarde, sent, et écoute un âne, par exemple, il y aurait dans un endroit près de son cœur – dans l'organe central de la perception – une petite poupée d'âne qui braie et qui pue. Cette poupée serait reconstruite dans l'organe central à partir des composants sensoriels qui y seraient amenés des organes spéciaux: de l'œil la forme et la couleur, de l'organe olfactif l'odeur, et, de l'oreille le son. Un chirurgien qui ouvrirait la poitrine de l'homme percevant y verrait la poupée, la sentirait, et l'entendrait. La poupée serait comme celle de la princesse Leia dans le film Star Wars, à cette différence qu'elle jouirait non seulement de propriétés visuelles et auditives, mais aussi de propriétés olfactives et tactiles.