Abstract
Si l’on prend la rationalité au sens strict et médiéval du terme, les bêtes ne sont pas « rationnelles ». Mais si l’on adopte un sens plus large et actuel de cette notion, alors les auteurs médiévaux s’accordent à attribuer aux animaux des capacités cognitives particulièrement sophistiquées que l’on peut qualifier de rationnelles. Pierre de Jean Olivi relève ainsi que le sens commun des bêtes constitue une puissance de jugement capable de rassembler, de composer et même de comparer des informations afin de répondre adéquatement à une situation ou de résoudre un problème. Il n’en considère pas moins que l’homme seul est un animal rationnel et libre, donc non réductible à une « bête intellectuelle », cette fameuse expression ne désignant rien d’autre que la fiction d’un être humain qui serait intelligent mais privé de libre arbitre.