Het drama

Tijdschrift Voor Filosofie 21 (3):465-490 (1959)
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Abstract

La perception sensorielle n'est pas le résultat d'une constante physiologique : elle est toujours une aperception, une action mentale. En discernant l'organe sensoriel et le sens , on remarquera que chaque perception, même la plus simple, est une observation, par là une fonction libre , une décision qui se comporte et se développe selon l'être humain fonctionnant, c'est jugeant, par conséquent selon le niveau et la qualité ou particularité de l'homme comme être spirituel. Le moteur de cette fonction observante et en même temps le formateur de son contenu, est l'attention. En tant que désintéressée, l'attention mène à la culture : technique, économie, politique, art, science, religion, philosophie. La plus saisissante des perceptibilités, c'est l'homme lui-même, l'homme agissant, créant, grâce à une originalité inépuisable. Le point cardinal de la vie humaine est le drame, tragédie comme comédie : la vie humaine, l'histoire de la culture humaine sont avant tout et essentiellement dramatiques. Si l'apérception dépend de l'attention, la conception du propre de l'homme, et par conséquent de l'essence du drame, et même la pratique de la vie humaine comme drame, dépendront de cette attention, formatrice de la culture en vigueur et en même temps suggérée par elle. Leurs caractéristiques se changeront, s'éclairciront, prendront dans la conscience une forme concrète et un contenu plus ou moins intensifié selon la caractéristique de la culture actuelle. C'est ce qui se montre réellement. Le drame n'est pas une donnée invariable. L'attention, qui a établi la culture hellénique, se règle sur une intelligence critique mais plutôt passive et la susceptibilité esthétique : tout ce qui se rapporte à l'intelligence ou à la beauté y est marqué par une intensité excessive. La diagnose du caractère athénien, qu'on trouve chez Thucydide, Pericles, Aristote et autres, est pénétrée par ces deux prin cipes ; la construction et la théorie du drame littéraire relèvent des mêmes facultés : le raisonnement des dialogues et l'émotion esthétique des choeurs. La combinaison d'une intelligence sagace et tranchante avec le culte de la beauté laisse les pouvoirs moraux dans l'ombre. L'intellectualisme hellénique exige un ordre fixe de l'univers : violer cet ordre, c'est pécher. On éprouvait cet ordre comme fatalité, et l'on cherchait la quintessence de la tragédie dans la douleur impuissante que l'homme subit en face de cette fatalité. En se soumettant aux lois fatales de l'univers, avec une résignation passive mais récalcitrante, on goûtait, non sans une satisfaction esthétique, une purification, « katharsis » . L'homme de la Renaissance, l'homme rené, dont la culture se maintient jusque dans notre siècle, développe une faculté nouvelle : l'analyse intellectuelle, une intellectualité active, pénétrante. Les trois « Critiques » de Kant sont analytiques ; le grand maître de l'analyse philosophique, c'est Hegel. La volonté s'élève, brisant, atomisant. Et, comme pour contrebalancer celle-ci, une nouvelle attention se forme, une attention pour les connexions vivantes, une chaude curiosité personnelle de l'intimité des choses. Le roman y prend sa source. Hobbes est un exemple des plus prononcés de la tendance volontaire ; Shaftesbury, Rembrandt, Goethe en sont un de l'autre, d'une pénétration embrassante, cohérente et organique. Schiller a essayé de faire harmonier ces deux tendances contraires. Il faut une longue explication et beaucoup de citations pour démontrer, que sa conception de la vie humaine comme drame, quoique généralement considérée comme plus ou moins définitive et très fertile, reste serrée dans les bornes de la culture de la Renaissance, et par cela ne permet pas un déploiement des forces dynamiques de l'homme. Pour lui, comme pour les Grecs, l'art est une imitation de la nature ; et il renferme l'essence du drame et le tragique de la vie humaine dans une morale heteronome. Ses principes fondamentalement et exclusivement dualistes empêchent par nécessité intérieure un libre arbitre, une décision vraiment morale, et font tarir chez l'homme la disposition spontanée d'assumer la responsabilité de sa vie d'une façon active. En outre il ne distingue pas nettement entre le jugement intellectuel de l'acte moral et la moralité agissante elle-même. Seulement, pourvu que l'homme ait le courage de supporter et d'assumer avec une résignation active et affirmative sa propre vie comme une vie faite par lui-même ; pourvu que l'art se conçoive comme une création originale de l'homme, une création par laquelle l'intimité spirituelle se cristallise dans une perspective angoissante mais sublime qui surpasse la beauté, la vie humaine comme drame, l'histoire de l'humanité comme drame, et le drame de l'art, soit musical soit littéraire soit plastique ou peinture, pourront évoluer vers une fertilité spirituelle jusqu'ici inconnue. Le mot drame signifie action. Chaque action, y comprises les actions de la pensée, chaque drame se signale par trois caractéristiques : l'élan, l'insuffisance, la résignation. Chaque action brise l'existant — pour bâtir le nouveau, c'est vrai : tout-de-même la rupture de l'ordre, toujours pénible, est un attentat, une violation ; et puis : qui nous garantit que le nouveau soit meilleur ? Créer, c'est violer. Chaque action, en outre, rencontre des limites insurmontables. Ces deux réalités : rupture et limites, s'unissent et se manifestent dans l'insuffisance ; elles exigent une résignation affirmative, un courage dramatique de vivre. C'est l'expérience intime de ce drame humain, qui pourra féconder, élargir le drame de l'art, et qui nous permettra de concevoir l'histoire de l'humanité comme un drame. Parler du drame en général, comme le fait la mode actuelle, ne peut que nuir. La condition humaine attache l'homme aux limites de la matière ; néanmoins, il aspire à l'éternel ; mais l'éternel ne s'ouvre à lui que quand il se restreint : vivre dans cette double actualité douloureuse et glorieuse, c'est vivre son drame. Ressusciter glorieusement de la péripétie du drame, cette résurrection et purification spirituelles, n'est possible que par l'amour

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