Abstract
Cet article commence par examiner trois justifications épistémiques de la démocratie, proposées par José Luis Martí, David Estlund et Hélène Landemore. Tous trois cherchent à montrer en quoi la démocratie possède une tendance à engendrer des décisions correctes, mais font face au risque de légitimer une organisation technocratique du politique, en contradiction avec le principe d’égalité politique. Ils estiment donc que l’argument épistémique ne peut pas suffire à justifier des institutions démocratiques. Cependant, si l’on comprend la valeur «épistémique» d’une décision politique à la fois d’un point de vue factuel et normatif, c’est-à-dire qu’on considère à la fois sa rationalité et son impartialité, une justification épistémique de la démocratie beaucoup plus robuste émerge. C’est cette dernière qui est explorée et défendue dans la seconde partie de cet article.