Abstract
On se rappelle l’un des problèmes soulevés, en 1975, par John Greville Agard Pocock dans son ouvrage intitulé Le Moment machiavélien : dans l’Angleterre du XVIIe siècle, les idées républicaines et machiavéliennes devaient trouver à se développer dans un environnement intellectuel dominé par des concepts monarchiques, juridiques et théologiques, peu à même de conduire à une définition de l’Angleterre comme polis ou de l’Anglais comme citoyen. Dans ce même ouvrage, Pocock indiquait en outre, sans toutefois développer cette indication, que Francis Bacon connaissait Machiavel à un degré qui aurait mérité d’être discuté plus en détail. Il s’agit de prendre cette dernière remarque au sérieux et, du coup, de tenter de mesurer, en confrontant notamment la pensée politique de Bacon à celle de Juste Lipse et à celle de Giovanni Botero, comment est déjà en germe, dans l’œuvre du Lord Chancelier, une reconceptualisation proprement civique des institutions politiques. Cette enquête nous conduira dès lors, nécessairement, à interroger le statut accordé par Bacon à l’économie et aux activités marchandes.