Une longue introduction précède les contributions de ces trois philosophes et théologiens à la querelle sur la distinction entre l'être et l'essence qui anima la Faculté de théologie de l'Université de Paris dans les années 1280.

La Lectura Ordinaria super sacram scripturam attribuée à Henri de Gand fut conservée dans un seul manuscrit qui date de la fin du 13e ou du début du 14e siècle . Sa description et son histoire ont été faites par le dr. Raymond Macken en 1972, qui est aussi l'éditeur de l'ouvrage. L'édition critique du texte nous a permis de constater l'existence de certaines ressemblances entre son contenu et les autres œuvres d'Henri de Gand, sûrement authentiques. (...) Déjà avant l’édition de R. Macken, et etant donnée l'importance considérable de Platon et d'Avicenne dans les pages de la Lectura, Beryl Smalley parlait de l'attribution de l'ouvrage à Henri «as a working hypothesis». Cependant, nous devons d'abord à R. Macken, et après à Gordon A. Wilson, les examens les plus complets du problème de l'attribution résultant de la comparaison du texte avec les Quodlibeta et la Summa. (shrink)

Résumé — Alors que, chez Thomas d’Aquin et Bonaventure, l’infinité divine est encore entendue négativement, c’est précisément chez Henri de Gand que se laisse repérer l’infléchissement vers la positivité annonçant la détermination proprement moderne du concept d’infini : discursivement associée à la bonté, à la totalité et à la perfection, il suppose une conception quantificatrice de l’étant et l’identité de l’être et de la perfection : il énonce alors le degré ontologique suprême au sein d’une hiérarchie des degrés (...) d’être. Dès lors, cette perfection ontologique est thématisée suivant le concept de protensio, concept qui, en énonçant la positivité pure et le mouvement d’autoposition de l’être, rend pensable le primat de l’infini sur le fini.— Mentre in Tommaso d’Aquino e Bonaventura, l’infinità divina è ancora intesa negativamente, è proprio in Enrico di Gand che si può percepire l’inflettere verso la positività che annuncia la determinazione propriamente moderna del concetto di infinito : discorsivamente associato alla bontà, alla totalità e alla perfezione, presuppone una concezione quantificatrice dell’essere e l’identità dell’essere e della perfezione : enuncia allora il grado ontologico supremo in una gerarchia dei gradi dell’essere. Quindi, questa perfezione ontologica viene tematizzata secondo il concetto di protensio, concetto che, nell’enunciare la positività pura e il movimento di autoposizione dell’essere, rende pensabile il primato dell’infinito sul finito. (shrink)

Dans sa Somme, art. 34, Henri de Gand se penche sur les questions se rapportant à la vérité en Dieu . Il n’y a pas tant d’auteurs qui se sont donné la peine d’étudier ce problème à fond, nous fait-il remarquer1 — bien à tort, d’après lui. Car trois problèmes fondamentaux concernant la vérité se superposent: celui de la localisation, celui de la définition classique et celui de l’essence de la vérité.

Le Livre des Causes eut une influence considérable au XIIIe siècle. Considéré comme authentiquement aristotélicien, son origine néoplatonicienne fut démontrée par Thomas d’Aquin en 1272. Du fait de son origine, certaines thèses énoncées dans le texte posaient de redoutables problèmes d’intégration aux scolastiques. Parmi ces problèmes figure la définition de l’âme. Ceci est particulièrement visible dans le commentaire du pseudo-Henri de Gand, dont le commentaire date des années 1250-1255. Cet article étudie la caractérisation de «l’âme noble» du Livre (...) des Causes comme âme cosmique ou individuelle, puis, dans un second temps, s’attache au point particulier des rapports entre l’âme et le temps. (shrink)

Rather unusually, Henry of Ghent includes ‘totality’ in the list of divine attributes discussed in his Summa quaestionum ordinariarum. Availing himself of the different philosophical definitions of totality given by Boethius and Avicenna, Henry concludes that God cannot be considered a totum universale, a totum numerale and a totum virtuale or potestativum, but concedes that He may be considered a totality insofar as His being comprehends the exemplary perfections of all created beings.

Henry of Ghent, one of the most important theologians of the late 13th century, is well-known for, among other things, defending the unique thesis that theologians can rely on a specific kind of divine illumination to secure their theological knowledge: the lumen medium. His theory of faith, however, which also relies on a kind of divine illumination, has hardly been examined until now. It is, however, most interesting: indeed, within a system that allows for a special kind of theological knowledge (...) of the objects of faith, one is led to wonder what kind of relationship there can be between such a superior knowledge and obscure faith. Can an object of faith also be an object of proper theological knowledge? If it is the case, does theological knowledge build upon faith, as in traditional doctrines, or are they separate? And how can one know that they have been illuminated by God in such or such a way?In order to answer these questions, and others, we will first study the nature of faith and the correspondi.. (shrink)

Les Theoremata d'esse et essentia (ca 1278-1285), qui, en depit d'une edition critique deja ancienne (Hocedez, 1930), n'avaient pas encore ete traduits integralement en francais a ce jour, apparaissent comme l'uvre majeure pour bien saisir la genese doctrinale et conceptuelle de la theorie de la distinction reelle. Peu de temps avant les Questions disputees sur l'etre et l'essence (1286-1287), qui sont au cur du debat entre Gilles de Rome (ca 1245-1316), partisan d'une distinction reelle entre l'etre et l'essence, et (...) class='Hi'>Henri de Gand (ca 1217-1293), promoteur d'une theorie de la distinction " intentionnelle ", les Theoremes apparaissent comme un essai de synthese, dans lequel le maitre augustin donne un expose d'ensemble des arguments qui le conduisent a faire de l'etre une res (" chose " au sens de " realite ") a part entiere. Dans ces conditions, les disciples de Thomas d'Aquin (ca 1224-1274) n'ont pas manque de voir, en Gilles, l'un des partisans d'une these qu'ils revendiquaient comme un heritage de l'Aquinate. Les Theoremes revelent cependant une pensee incontestablement personnelle, et manifestent le caractere resolument original de Gilles de Rome, metaphysicien incontournable du XIIIe siecle finissant. (shrink)

In the history of the reception and interpretation of the metaphysics or the “First Philosophy” according to Aristotle, the contribution of authors like Thomas Aquinas and John Duns Scotus is nowadays well known. However, in those conceptions which tend to conceive metaphysics as or to ground it on a theory of transcendental concepts, understanding that discipline then either as onto-theology or as ontology, the contributions of Henry of Ghent and Master Eckhart are still little known. The present study focuses on (...) the doctrine of transcendentals of these two authors, with a particular interest on the influence of Henry of Ghent over Duns Scotus. KEY WORDS – Henry of Ghent. Master Eckhart. John Duns Scotus. Metaphysics. Object of Metaphysics. Transcendentals. Knowledge of God. (shrink)

La philosophie médiévale a cherché la « racine de la liberté » (donc le libre arbitre radical), tantôt dans la raison (Siger de Brabant), tantôt dans la volonté (Henri de Gand), tantôt dans une combinaison des deux : la volonté comme sujet, la raison comme cause (Thomas d’Aquin). Faut-il donner raison à l’une de ces positions, et sont-elles « libertariennes » ( libertarian ) ou compatibilistes? Au lieu de répondre à cette question, l’auteur essaie plutôt de chercher le (...) sol nourricier, plus profond encore, qui donne sens à ce débat : à ce niveau plus fondamental que la dispute scolaire, la liberté consiste, non dans la faculté d’agir autrement, mais dans la manifestation du bien. (shrink)

Le langage, la signification, la référence ont fait l’objet d’une grande attention au Moyen Âge, de la part des spécialistes des arts du langage. Pourtant, ils n’ont quasiment pas lu Augustin. Les théologiens, par contre, ont tiré grand profit des analyses augustiniennes. Henri de Gand a lu le De dialectica, en articulant autour de ce petit traité les autres textes d’Augustin portant sur le langage et les signes, afin d’élaborer une théorie du « langage vocal », préliminaire à (...) toute réflexion sur les noms divins, l’ineffabilité, l’analogie ou la propriété des noms. Ces textes forment également le socle des analyses élaborées par les théologiens sur le « parler des anges ». Par ailleurs, les chapitres sur les signes sacramentels doivent à la pensée augustinienne une analyse du signe, tirée du De doctrina christiana. Les théologiens insistent sur le caractère doublement relationnel du signe : signe de quelque chose, signe pour quelqu’un. Le caractère intentionnel de la prononciation de la formule du baptême ou du mariage est traité à partir des opuscules consacrés au mensonge ( De mendacio, Contra mendacium ). L’analyse de la causalité sacramentelle, et particulièrement celle de la causalité conventionnelle fondée sur le pacte, se construit sur la notion augustinienne de consensus, repensée dans le cadre d’une réflexion sur les signes magiques par Guillaume d’Auvergne, mais également sur la théorie de la relation telle qu’elle est élaborée dans le De Trinitate. Roger Bacon, qui fut maître ès arts avant de devenir franciscain, saura lire ces analyses des théologiens, et, en articulant les sources augustiniennes avec les sources logico-grammaticales utilisées par les Artistae, produire une théorie générale des signes. (shrink)

ABSTRACTStudies examining the interpretation that is given to if–then statementstypically use what are referred to as basic conditionals, which give contextless relations between two unrelated concrete terms. However, there is some evidence that basic conditionals require a more abstract form of representation. In order to examine this, we presented participants with truth-table tasks involving either basic conditionals or conditionals referring to imaginary categories, and standard conditional inference tasks with abstract and familiar premises. As expected, fewer typical defective conditional interpretations were (...) given to basic conditionals. In addition, partial correlations showed a unique relationship between the interpretation of basic conditionals and abstract inferential reasoning. Results suggest that people process basic conditionals as a form of abstract reasoning, and that the interpretation of conditionals... (shrink)

Deux lignes caractérisent l’exégèse médiévale de la Bible : elle s’inscrit dans une tradition de réception de la Parole divine, elle considère sa lecture comme un progrès infini. Les Pères représentent le fondement de cette tradition exégétique. Peut-être plus, même : ayant aussi bénéficié de l’inspiration, ils font partie eux-mêmes d’une Écriture sacrée, qui dépasse le canon des textes bibliques. On étudie donc ici, notamment à travers un texte d’Henri de Gand, cette notion des Pères comme sacra Scriptura. (...) Puis on note que certains ouvrages ont joué un rôle déterminant – aux Pères s’ajoutent des auteurs du haut Moyen Âge et même du xii e siècle. L’une des manifestations les plus claires de cette présence est le commentaire anthologique, qui fleurit dans le haut Moyen Âge, mais se poursuit au moins jusqu’à la Catena aurea de Thomas d’Aquin. L’utilisation des Pères est multiple : on ne craint pas d’opposer leurs vues, notamment dans la questio, on recherche aussi dans leurs œuvres des traces des traductions anté-hiéronymiennes. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Reviewed by:Constituer le Réel. Noétique et Métaphysique chez Dietrich de Freiberg by Véronique DecaixBrian Francis ConollyVéronique Decaix. Constituer le Réel. Noétique et Métaphysique chez Dietrich de Freiberg. Paris: Librairie Philosophique J. Vrin, 2021. Pp. 336. Paperback, $48.00.Dietrich of Freiberg's theory of the constitutive power of the intellect, as presented in his De origine rerum praedicamentalium, has proved unusually resistant to contextualization within the philosophical and theological discussions at the (...) University of Paris in the last two decades of the thirteenth century. There is little indication in the quodlibet literature that any of his contemporaries were aware of his unusual doctrine, let alone interested in responding to it, and Dietrich himself provides few hints as to which quaestiones of contemporary interest he is responding to. One therefore welcomes this study by Véronique Decaix in which it is argued that "il est irréfutable que les concepts centraux du De origine ont été forgés dans une discussion permanente avec Henri de Gand" (223). Drawing upon and developing the work of Pasquale Porro, Jan Aersten, and others, Decaix establishes Dietrich's indebtedness to Henry of Ghent, all while providing a comprehensive and remarkably clear, detailed, and precise presentation of Dietrich's theory of the constitutive power of the intellect. [End Page 706]Particularly noteworthy is the manner in which Decaix clarifies that there are several distinct ways in which the intellect, on Dietrich's theory, exercises its constitutive power. Thus, for instance, "categorial constitution," whereby certain relations and the six posterior relative categories are constituted, is distinguished from "quidditative constitution," wherein a real natural thing is constituted in its quidditative being, which is at the same time the mode or manner in which the intellect constitutes its own proper object. Decaix clarifies that such modes of constitution differ not only with respect to what is constituted, but by the kind of causality exercised by the intellect. Categorial constitution is a kind of formal causality—because it concerns only accidents, and because intellect grasps these accidents "sur une modalité déduite d'un élément extrinsèque" (284)—whereas quidditative constitution is efficient—it is "plus fondamentale, car elle est plus essentielle et plus intérieure" and "s'exerce sur la forme substantielle et cause l'étant en tant qu'étant" (286). In either case, whether the mode of constitution is categorial or quidditative, Decaix makes clear that constitution is not creation, and does not pertain to the reality or absolute entity of the thing affected by the intellect's constitutive power. Rather, constitution in the relevant sense here entails introducing and imposing upon the real natural thing a new mode of being: with respect to categorial constitution, that mode of being is ad aliud (to be in relation to another); with respect to quidditative constitution, the constituted mode of being is quidditative being.Decaix argues that Dietrich consciously develops his theory of categorial relation within the framework provided by Henry of Ghent. She cites as evidence, among other factors, that Dietrich concludes his analysis of categorial relation with what Decaix calls the "exacte contre-pied" (154) to question 3 of Henry's Quodlibet IX: "Utrum circumscripta re sui fundamenti relatio possit signari per nomen primae impositionis?" Dietrich in effect responds: "Si autem ab huiusmodi entibus removeamus actum rationis, tunc secundum nullum modum sunt entia quantum ad id, quod significatur per nomen, sed relinquitur sola realitas et entitas fundamenti" (160).Question 3 of Henry's Quodlibet IX is still more important for Decaix's argument. For she sees herein more than a germ of Dietrich's doctrine of the constitutive power of the intellect. As Decaix explains, in addition to the real foundation (quantity or quality) provided by nature, and the pure ratio of relation, provided by the intellect, Henry introduces the modus characterizatus a re, whereby the peculiar nature of the foundation (e.g. the length or the color) particularizes the general notion of the pure relation (157–58). Thus, the real, particular relation, for example, "is shorter than" or "is similar to," arises only from both nature and the intellect as joint contributing causes. In this... (shrink)

Résumé — Alors que, pour Thomas d’Aquin et Gilles de Rome, Dieu peut ajouter à la création une série infinie d’espèces de perfection croissante sans compromettre sa transcendance et sans contrevenir aux lois de la logique, Henri de Gand et Godefroid de Fontaines développent des arguments puissants contre cette même idée, arguant notamment que la production d’une telle série impliquerait une infinité en acte d’idées en Dieu. L’article montre comment, dans son Quodlibet I, q. 2 où il expose (...) et critique systématiquement les arguments de Godefroid et d’Henri, Jacques de Viterbe renoue avec une position proche de celle de Thomas et Gilles.— While Thomas Aquinas and Giles of Rome believed that God could produce an infinite number of increasingly more perfect creatures without threatening his transcendence or breaching the laws of logic, Henry of Ghent and Godfrey of Fontaines argued against that belief, holding that such an ability on God’s part would entail the existence of an actual infinity of ideas in the divine intellect. One author who was to be influenced by Henry’s arguments was Godfrey of Fontaines whose views James of Viterbo refutes in Quodlibet I, q. 2. The article examines the detail of James’s arguments against Godfrey and in favor of the view, much like Thomas’ and Giles’, that God can add to the total amount of perfection in creation. (shrink)

Si la vie est une évolution, alors elle doit expliquer jusqu'à la connaissance, l'intelligence, la science et la technique de l'homme, l'homo faber ; si il y a en elle de la création, alors ce n'est pas un postulat extérieur, mais dans son histoire et dans notre vie même qu'on doit l'expérimenter. dans L'évolution créatrice, Bergson pousse ainsi la théorie de l'évolution et l'expérience de la " durée " jusqu'au bout, sans admettre ni une création transcendante ni une vie sans (...) émergence ou nouveauté. Les conséquences traversent toute la science, la théorie de la connaissance, et la philosophie, de 1907 à aujourd'hui. La première édition critique des œuvres de Bergson, dans laquelle s'inscrit le présent volume, répond à un double principe : offrir d'abord le texte intégral du livre tel que l'a publié Bergson, dans sa pagination de référence inchangée ; le compléter ensuite par un dossier comportant des notes historiques et philosophiques ainsi que les variantes éventuelles du texte, une table analytique de l'ouvrage, une série originale d'index, une anthologie des " lectures " majeures et une bibliographie commentée. (shrink)

Humility was perceived in the Christian Middle Ages as a fundamental moral and intellectual quality, opening the way for access to the divine. How this access occurred, and for what kind of people, was dependent on different theological and philosophical presuppositions. The role of humility was thus moulded according to different anthropological and noetical models. By the end of the 13th century, the «question de l’humilité», as Alain de Libera posed it, had also become a locus for confrontation and definition (...) between different intellectual identities. This study focuses on the role that the secular master Henry of Ghent assigned to humility for approaching and transmitting divine truth, both from the perspective of the single individual and of the Christian community. Some topical categories describing essential features of humility – low/high, the ladder, interior/exterior, empty/full – aid in the analysis of some passages from the works of this theologian. (shrink)