Résumé Dans cet hommage à la Commission Léonine, l’auteur souligne la qualité très remarquable des introductions aux éditions des commentaires bibliques de saint Thomas (Job et Isaïe) et montre en quoi elles peuvent nous aider à connaître le texte courant de la Vulgate au xiii e siècle (dit « texte parisien »). Est posée la question de l’utilisation par Thomas du correctoire de Hugues de Saint-Cher et de la Bible de Saint-Jacques.

Quelle place est faite au droit des hommes dans une société chrétienne? On étudiera d'abord l'entrée du droit dans l'exégèse, avec Hugues de Saint-Cher, puis le cas, privilégié, du serment et du mensonge, ici analysé dans l'oeuvre de Pierre de Jean Olivi (ca 1280). On verra émerger les notions d'engagement et d'obligation - envers le prochain et envers Dieu. L'obligation est réalisée par la prononciation de paroles, qui prime sur tout autre circonstance de l'acte. Elle repose sur (...) la reconnaissance d'une norme qui renvoie non seulement à des propositions exprimées, mais aussi à des implicites tacitement admis dans une communauté. (shrink)

Three conclusions can be drawn from the study of the word ratio and its derivatives in the works of Hugh of Saint-Victor. First, the approximately 1500 occurrences present an exceptional diversity of meanings. Second, these meanings are not tightly separated from each other, but tend to tile or merge: not only are there many passages where the translator can legitimately hesitate between two or more interpretations, but the author himself plays on this malleability of significations, as if to refer (...) his reader to an original cohesion of the meanings. Third, it is therefore possible to reconstitute a complex but unified notion of reason, underlying all the uses identified; and it is surely no coincidence that this common notion corresponds very precisely to the Victorine educational program, as Hugh defined it in his Didascalicon. (shrink)

Histoire de ce traité, de sa diffusion et de son influence et étude littéraire et doctrinale. L'étude doctrinale de la triade " puissance, sagesse, bonté " telle qu'elle est formulée dans le traité, sa comparaison avec les " Theologiae " d'Abélard, invitent à réinterpréter le débat trinitaire au XIIe siècle, Hugues de Saint-Victor devant être tenu pour l'auteur de la triade.

Les exégètes médiévaux ont-ils une attitude particulière à l’égard des récits de la Bible que nous faisons aujourd’hui entrer dans la catégorie du « mythe »? On voudrait répondre à cette question à partir de l’étude des généalogies des chapitres 4 et 5 de la Genèse dans les commentaires composés entre le xii e et le xiv e siècles en Occident. Celles du chapitre 4 (v. 17-22) sont considérées comme un mythe sur les origines de la culture – la vie (...) pastorale, le travail des métaux, la musique, le tissage –, celles du chapitre 5 posent des problèmes divers, notamment du fait de la longueur de la vie des personnages nommés. Il semble que les commentateurs du Moyen Âge soient moins sensibles à la dimension « historique » de ces textes qu’aux enseignements que nous pouvons en tirer sur les fondements de la conduite humaine. L’analyse qu’ils font des structures de ces textes (utilisant notamment la valeur symbolique attachée aux nombres et mettant en relief les différences d’agencement) et les applications tropologiques qu’ils en tirent, puisznt dans l’Écriture sainte les enseignements d’une Parole adressée en permanence à l’homme, permettent de constater que les procédures qu’ils mettent en œuvre sont proches de celles d’une certaine analyse des mythes aujourd’hui. (shrink)

Cet ouvrage se présente comme une introduction d'histoire littéraire et doctrinale au premier volume de l'édition critique des oeuvres de Hugues de Saint-Victor. Il exploite les données fournies par l'étude de la tradition manuscrite du De archa Noe et du Libellus de formatione arche, qui aboutissent à une perception et à une reception renouvellées de ces traîtés. Du premier ouvrage on a tenté, non seulement une histoire, mais une préhistoire: car il a connu un stade oral, celui de (...) collationes dont on aura pu cerner au plus près le contenu avant de reconstituer les procédés rédactionnels du maître victorin. Au cours de ces entretiens du cloître une pédagogie de l'image avait été mise en oeuvre, utilisée conjointement avec la parole. Et de même que la parole donna naissance à une oeuvre écrite (le De archa Noe), de même le dessin qui l'accompagnait est donné sous une forme littéraire, par un écrit qui en livre les modalités concrètes de réalisation (le Libellus). Le statut de cet écrit, longtemps incertain ou atypique, fut originellement celui d'un appendice, distinct mais non disjoint du De archa. Le Libellus est transmis par la tradition manuscrite en deux états: une version brève et une version longue. Le réviseur en fut le victorin lui-même, dont la psychologie d'auteur est ainsi pour une part dévoilée. Un chapitre propose des compléments ou des précisions touchant la datation relative des oeuvres du victorin. L'image employée par maitre Hugues avait été support de ce que l'on pourrait appeler exégèse visuelle. L'histoire du salut, telle qu'elle est représentée dans la figuration de l'arche de Noé, est méditée selon les trois sens scriptuaires médiévaux, qui correspondent en outre à une série d'exercices spirituels, selon la séquence lectio-meditatio-speculatio-contemplatio. Des considérations d'herméneutique (l'image. (shrink)

It would be easy to oppose Peter Abelard and Hugh of Saint-Victor as two opposed types of masters: on one side the “intellectual,” in almost the modern sense of the word, and on the other side, a representative of the humanist, clerical and monastic tradition, soon to be effaced. In order to highlight the real significance of their divergences and the profound coherence of both historical and intellectual personalities, in this article the author investigated their social origins, how each (...) one conceived the relation between the individual and the group,and finally the way in which each appropriates earlier texts. Thus, in many respects Abelard and Hugh appear as opposite poles in the intellectual world of the twelfth century, but in a different perspective, thanks to the synthesis accomplished by their common students, as inseparable and complementary sources of what became the Scholastic age. (shrink)

In Hugh of St Victor the pleasure of knowledge is seen as an ‘intellectual emotion’, in that it exists at the intersection between affectivity and rationality. This is clear from various texts: from the De fructibus carnis et spiritus to the De quinque septenis and the Sententiae de divinitate, gaudium is seen as the intellectual emotion par excellence, as it is an ‘inner’ joy, a jucunditas spiritalis that produces happiness. From an anthropological point of view, joy and pleasure combine with (...) knowledge to help men abandon the pleasures of the body and devote themselves to those of the spirit. This is linked to Hugh of St Victor’s ‘hedonistic’ pedagogy, which holds that docet quod scire delectet, in that one learns more easily what is pleasant. Similarly, limited, restricted knowledge does not produce as much pleasure as extensive, wide-ranging knowledge. The essay sets these analyses in a table of Hugh’s terminology that is organized in four semantic poles: 1) pleasure and desire (delectatio, voluptas, o... (shrink)

Toute guerre se remporte avec des hommes et des munitions, y compris celle des idées. Aujourd'hui l'histoire, la politique, l'économie, la culture, le droit sont des champs de bataille. À nous d'y triompher de la pensée unique. Beaucoup ont déjà pris la plume, tels Jean Sévillia, Philippe de Villiers ou Mathieu Bock-Côté. Mais à cette aventure intellectuelle, le droit reste étranger. Chose curieuse, au regard de son immixtion dans nos vies, réglées comme des horloges suisses par ses rouages. Mal interprété, (...) il regorge d'idées fausses, parfois sciemment entretenues par nos législateurs à des fins politiques. Remettre le droit à l'endroit? C'est l'objet insolite de cet ouvrage. Les hommes naissent-ils réellement libres et égaux en droit? Nos élus nous coûtent-ils trop cher? La naissance d'un étranger en France le rend-elle nécessairement français? Le droit européen est-il vraiment supérieur au droit national? Trente questions pour y voir clair et combattre les idées reçues. (shrink)

For several centuries prior to the founding of the Theosophical Society in 1875, individual 'theosophers' in Britain and Europe were quietly in touch with one another all seekers of the inward way. Theosophic Correspondence (1792 1797) is a series of inspiring letters, personal and philosophic, exchanged during the climactic days of the French Revolution between Kirchberger, member of the Sovereign Council at Berne, Switzerland, and Saint-Martin, whom Kirchberger regarded as 'the most eminent writer . . . and most profound (...) of his age'. (shrink)

Diese Studie bietet zunachst das Corpus aller erhaltenen 104 Bibelmanuskripte der Pariser Abtei Saint-Victor dar, insoweit sein geschichtliches Werden, seine materiale und mediale Gestalt, sein Inhalt, seine ikonographische Ausstattung und sein intellektuelles Profil mit geschichtswissenschaftlichen Methoden eruiert werden kann. In einem zweiten Schritt wird die Beschreibung, die Analyse und die Bewertung der Handschriften im einzelnen vorgenommen. Damit wird zum ersten Mal uberhaupt eine bedeutende geistliche Institution des lateineuropaischen Hoch- und Spatmittelalters aus der Perspektive ihrer gesamten biblischen Tradition als ein (...) Ort wissenschaftlicher, sozialer und ordensgeschichtlichter Umbruche charakterisiert und in Vergleich zu anderen geistigen Zentren gesetzt. Der intellektuelle Reichtum und die spirituelle Tiefe dieser Gemeinschaft der regulierten Chorherren im mittelalterlichen Paris sowie seine europaweite Ausstrahlung und Vernetzung zeigen sich mit dieser Publikation einmal mehr und laden zu weiterfuhrenden Untersuchungen ein. (shrink)

A entrevista concedida por Emmanuel de Saint Aubert a Silvana de Souza Ramos e a Iracy Ferreira dos Santos Junior aborda a história e o papel dos Arquivos Husserl de Paris para o fomento da pesquisa multidisciplinar em fenomenologia. O pensador esclarece qual foi o contato de Merleau-Ponty com os manuscritos de Husserl, e que tipo de leitura, situada e complicada, ele realizou não apenas desses manuscritos, mas da obra de Husserl como um todo. Esse aspecto é particularmente importante (...) para os estudos de filosofia francesa contemporânea porque Merleau-Ponty foi um dos grandes responsáveis pela introdução de Husserl no pensamento francês. Tal esclarecimento permite mostrar a originalidade da filosofia de Merleau-Ponty, pois revela que o autor não era um exegeta de Husserl, mas um pesquisador inquieto e multifacetado, engajado nos debates intelectuais e políticos de sua época. Se ele não pode ser reduzido à figura de um mero leitor de Husserl, tampouco sua ontologia tardia pode ser resumida à influência de Heidegger. Debruçado sobre os manuscritos deixados inacabados por Merleau-Ponty em função de sua morte prematura, os quais eram um esboço de um novo livro, Saint Aubert realizou um minucioso trabalho de pesquisa dos usos que Merleau-Ponty faz de termos centrais de sua ontologia – chair, Leib, empiétement, quiasma – mostrando que eles não traduzem ou expressam literalmente conceitos provenientes de Husserl ou de Heidegger, pelo contrário, esses termos ganham uma gama de sentido multifacetada nos escritos de Merleau-Ponty, alimentando-se de suas leituras e meditações filosóficas, mas também de sua cultura científica e literária, e de suas preocupações éticas e políticas. A pesquisa de Saint Aubert, dedicada à interpretação dos chamados “inéditos” de Merleau-Ponty, resultou na publicação de cinco livros, pelas edições Vrin, todos eles guiados por uma leitura genética transversal da obra merleau-pontiana. Além disso, Saint Aubert, com a ajuda de outros pesquisadores e pesquisadoras, publicou, com apurado cuidado editorial, vários volumes com os manuscritos de Merleau-Ponty. Esse material, disponível de modo organizado e situado, é de uma riqueza incomparável, e permite dimensionar de modo mais preciso o papel de Merleau-Ponty no pensamento contemporâneo, além de iluminar o sentido de seu projeto ontológico. (shrink)

Le Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers est un ouvrage fondamental pour ceux qui cherchent à comprendre les mystères de la Création. Pour Louis-Claude de Saint-Martin, l'homme porte en lui-même la clé de tous les mystères. Se connaître soi-même est donc la condition primordiale pour accéder à la Connaissance. Les textes sacrés nous enseignent que l'histoire de l'humanité est liée à un drame en trois actes. Le premier est celui de l'âge d'or ; le (...) deuxième celui d'une chute douloureuse dans la matière ; le troisième, qui reste à venir, sera marqué par une rédemption, une réintégration dans le Divin. L'auteur de ce livre s'efforce de percer le sens ésotérique de ces trois étapes. Il montre aussi que l'impasse dans laquelle se trouve l'homme résulte de la confusion qui règne dans ses pensées. S'il nourrissait sa volonté à la chaleur de l'Amour divin, il accéderait à la régénération d'une manière naturelle, et l'humanité trouverait la Connaissance menant à la Paix Profonde. (shrink)

I. Les facultés qui se rapportent à l'image des objets en nous, — l'imagination au sens large, — constituent, selon une tradition qui vient d'Aristote, l'intermédiaire entre la sensibilité et l'intellect. Le moyen âge les désigna par le nom de sens intérieurs ; leur liste fut reprise et modifiée par Ficin (dont la source directe n'est pas Avicenne, mais Albert le Grand) et par Bruno. Dans l'interprétation des néoplatoniciens, la série des facultés connaissantes représente le chemin de l'âme dans la (...) conversion ; la phantasia y joue un rôle eminent (Plotin, Hugues de Saint-Victor, Ficin, Bruno) ; d'autre part, on fait correspondre à la faculté intermédiaire une âme intermédiaire qui lui sert de substrat (Lulle), et un « premier corps » ou « véhicule » de l'âme (le spiritus phantasticus ou őχημα-πνεῦμα de Synesius). L'idée reparaît, modifiée, chez Hugues de Saint-Victor, Ficin, Bruno. Ce dernier met le spiritus phantasticus en relation avec l'âme du monde, qui lui est consubstantielle, la « lumière précédant toute Création » qui nous fait voir les images de nos rêves. Sources : Porphyre, Cusanus repris par Ficin, le panthéisme médiéval. Le lien entre le spiritus phantasticus et le destin de l'âme, esquissé chez Plotin, Porphyre, le Pseudo-Jamblique, Synesius, est affirmé sous différentes formes par Hugues, Ficin et Bruno : le sujet des peines infernales, qui sont d'ailleurs chez Ficin et Bruno de nature imaginaire, est un corps subtil. Ces peines correspondent exactement à ce que nos appétits et notre imagination ont fait de la substance de notre âme. Le spiritus phantasticus se rapproche, notamment chez Ficin, d'une sorte de karma. II. Dans la branche descendante de la connaissance, l'application de l'universel au particulier est forcément liée au sens intérieur et on l'attribue à une faculté spéciale, la Urteilskraft au sens kantien. Bruno en fait une fonction de l'imagination. D'autre part, les arts universels ou lulliens ont pris de plus en plus, durant la Renaissance, l'aspect de topiques généralisées ; le nerf de la méthode y était donc toujours cette Urteilskraft. Il s'en suit, chez Bruno, que le sujet de l'art universel est l'imagination, qui devient ainsi la source première de tout acte de l'intellect, principe de la fécondité infinie de la pensée. (Pratiquement, d'ailleurs, les artes de Bruno sont des ensembles d'images). III. Aux théories de l'imagination répondent les théories de l'image, « vêtement » et « premier corps » de la pensée. On vérifie cette correspondance, d'une part, dans la théorie du symbole, — avec ses variantes métaphysiques, pansymbolisme, magie, — et, d'autre part, dans celle du concetto (rapport entre la pensée et l'expression), où l'on va jusqu'à l'idée d'un universel de l'imagination, et du dessin comme concept. — Une importante différence entre la nature du symbolisme selon Pic et l'idée que s'en fait Bruno s'explique par leurs conceptions différentes de l'imagination. La théorie de l'art et l'évolution du goût artistique sont, dans leurs grandes lignes, en concordance avec ce qu'impliquent ou suggèrent à ce sujet les théories de l'imagination et de l'image. (shrink)

This paper explores the meaning attributed to the national group as an entry point into how boundaries between the in-group and the out-group are formed. To do so, it focuses on the representation of the past of the group, taken as a symbolic resource able to produce a raison d’être for national groups, and does so within a dialogical framework. Using the transcripts of the French parliamentary debates on immigration from 2006, it proposes a qualitative analysis of collective narratives of (...) the past along three axes: 1) what meaning do they give to the nation, 2) how is such a meaning produced, and 3) how do the stories told by different groups reply or relate to one another. By identifying the main narratives found in the data and how they relate to each other – within and between groups – it proposes to see collective memory as itself the product of symbolisation processes and, therefore, as a cultural tool especially powerful to produce meaning about the present. This paper also argues that collective memory is a situated construction negotiated with – or contested by – others, made possible by the presence of common historical benchmarks to which different meanings may however be attributed. Finally, it proposes to understand “immigration talk” as potentially the product of the identity questions faced by the national group, rather than the other way around. (shrink)

Présente le parcours philosophique de Merleau-Ponty tant dans sa formation que dans ses objectifs. Ses références : Descartes, Leibniz, Gabriel Marcel. Ses concepts opératoires : le concret, l'incarnation, l'intentionnalité, les chiasmes.