Iris 31:119-132 (
2010)
Copy
BIBTEX
Abstract
L’article étudie comment l’humain peut être défini dans les rapports créés dans l’imaginaire entre le corps et l’alimentation. En s’appuyant sur des traités de médecine et de cuisine du Moyen Âge au xviie siècle, des essais d’humanistes et les travaux d’anthropologues, d’historiens et de sociologues contemporains, on découvre comment l’acte même de manger permet de définir et construire les frontières du corps humain et un imaginaire de l’alimentation : la nomination de l’aliment et la charge sémantique des métaphores empruntés à l’alimentation définissent une éthique de l’humain et sa vision du corps humain et animal. Une approche médicale complète cette étude linguistique et montre que le fonctionnement des limites extérieures et internes du corps humain se modèle sur la représentation de l’aliment et de ses effets paradoxaux, bénéfiques et pathologiques. Enfin, le corps social du mangeur est délimité par la distance qui le sépare de l’aliment et le lieu assigné à l’animal destiné à être mangé.