Abstract
«Mettre les faits d’accord avec la philosophie de Platon»: voilà une maxime qui remonte au Commentaire de Proclus au premier livre des Éléments d’Euclide, oeuvre centrale pour la constitution du savoir au Cinquecento et plus particulièrement pour la définition du statut opératoire des mathématiques. Au cours du XVIe siècle, Euclide apparaît en effet comme le véritable médiateur entre platonisme et aristotélisme, au demeurant moins par son oeuvre de géomètre que par son geste épistémologique qui semble tracer l’unique voie possible pour accéder à la connaissance de toutes les choses, soit sensibles soit métaphysiques. Les interprétations de Jacopo Mazzoni ("In universam Platonis et Aristotelis philosophiam praeludia, sive de comparatione Platonis et Aristotelis", 1597) et de Francesco Barozzi ("Opusculum, in quo una oratio, et duae quaestiones: Altera de certitudine, et altera de medietate mathematicarum continentur", 1560), que j’examine dans mon article, offrent deux perspectives différentes, qui redonnent une actualité philosophique au néoplatonisme mathématique de Proclus.