Materie en energie
Abstract
Le but de cet article est d'examiner à fonds les relations qu'il y a entre les données de la science sur la matière et l'énergie, et les notions philosophiques de substance et d'accident. Il s'agit ici spécialement des deux questions suivantes : d'abord, doit-ön appeler vraiment exacte l'expression : « la matière se transforme en énergie » et ensuite : peut-on vraiment dire qu'il n'y ait pas de matière dans l'espace vide d'air ? C'est de propos délibéré que nous avons choisi pour l'étude de ces questions la méthode qui consiste à interroger, autant que possible, les données mêmes de la science. Nous esquissons dès lors rapidement dans la première partie de l'article les théories physiques concernant notre sujet. Puis, dans la seconde partie, nous essayons d'en donner une interprétation. Cette interprétation met en lumière l'intuition plus profonde, qui se cache dans la connaissance du physicien, et qui ne saurait s'exprimer d'une manière achevée dans le cadre de la théorie physique comme telle. Il est nécessaire dès lors de donner une notion exacte de la substance. Tout physicien d'ailleurs tient implicitement compte de cette notion, dès qu'il ne se contente plus seulement des seules formules, mais qu'il y ajoute des explications. On doit toutefois circonscrire avec un soin particulier le sens attaché à la notion de « substance matérielle ». Il ne faudra pas par exemple trop insister sur l'occupation d'une certaine partie de l'espace bien tranchée. On doit aussi éviter une espèce d'anthropomorphisme dans laquelle on attribuerait à la substance matérielle une intériorité ou une indépendance trop grandes. Nous espérons être arrivé ainsi à des conclusions fondamentales sur la notion de la substance matérielle, ainsi que sur la nature de l'espace appelé vide