Abstract
Depuis leur naissance aux États-Unis au début des années 1980, les éthiques féministes du care ont fréquemment puisé dans l’œuvre de Simone Weil afin de théoriser les qualités morales nécessaires pour le soin – en particulier, l’attention. Toutefois, la pertinence de Weil pour penser le travail est rarement considérée par les théoricien.ne.s du care. Si le care peut être compris à la fois comme disposition/qualité morale et comme activité/travail pratique, nous souhaitons montrer la pertinence du corpus weilien pour penser ces deux facettes. Nous soulignerons, avec Weil, que le bien-être au travail requiert d’accorder une importance accrue au rythme et à l’autonomie temporels ainsi qu’aux dynamiques entourant la considération sociale et les responsabilités. Nous soutiendrons aussi brièvement que le concept weilien de « malheur » préfigure ceux de « mort lente » (Berlant) et de « violence lente » (Nixon).