Clio 29:205-223 (
2009)
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Abstract
Appliquée à la lecture des ouvrages de Théophraste sur les plantes, la notion de genre facilite l’analyse d’un de ses deux critères classificatoires : la distinction entre « mâles » et « femelles ». Le maitre de la botanique grecque projette sur le monde végétal les représentations culturelles du masculin et du féminin en pays grec. Les plantes étant chargées de sens différents selon les cultures, cette constatation invite à tenir compte du genre des plantes dans l’étude de leur symbolique, notamment dans la sphère du religieux. Les agronomes romains n’emploient pas eux les qualificatifs « mâles » et « femelles » pour décrire deux plantes s’unissant en vue de leur reproduction. Plusieurs critères entrent en jeu dans le choix de ces dénominations : la ressemblance entre un aspect de la plante et une partie de l’anatomie féminine ou masculine ; l’analogie entre une caractéristique de la plante et une attitude culturellement considérée comme féminine ou masculine. En somme, ce sont majoritairement des critères relevant du genrequi déterminent la catégorisation des végétaux en « mâles » et « femelles ». Mais ces catégories sont rarement essentialisées. Elles fonctionnent comme un couple polarisé, permettant de distinguer deux espèces similaires en leur reconnaissant des qualités relatives et non absolues.