Diogène n° 258-259-258 (2-4):12-24 (
2019)
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Abstract
Cet article porte sur les concepts que les historiens ont empruntés, en les adaptant, aux disciplines voisines ces dernières décennies, plutôt que sur ceux qu’ils leur ont prêtés (phénomène rarissime). Il étudie le « virage social » des années soixante, l’intérêt pour l’anthropologie historique et la psycho-histoire (qui s’appuie sur la psychanalyse) dans les années soixante-dix, le tournant littéraire dans les années quatre-vingt (qui va de la poétique de l’histoire à l’analyse des archives comme fiction), l’histoire de la mémoire sociale ou culturelle, le développement de l’histoire du genre, et le « virage culturel » dans les années quatre-vingt dix. Au fil de ces quatre décennies, les historiens ont souvent échangé avec les chercheurs en sciences sociales et plus généralement avec les spécialistes en sciences humaines. En de début de XXIe siècle, en revanche, on note un rapprochement avec la psychologie expérimentale et les neurosciences (dans le cas des études sur la mémoire et les émotions) ainsi qu’avec la biologie, aboutissant – à l’heure actuelle – à une « bio-histoire » qui se concentre sur la co-évolution des humains et des animaux. Ainsi, la traditionnelle opposition entre « nature » et « culture) disparaît peu à peu.