Abstract
Le caractère institutionnel du messie et sa capacité à instaurer une suspension de la Loi en font une figure étonnamment proche du souverain. Cette possibilité de changer l’état de la Loi que détient le souverain est également celle du messie : comme le souverain, il possède la capacité d’instituer un nouveau rapport à la Loi au sein de la temporalité messianique, en rétablissant ou suspendant les lois alors en vigueur. La Loi, religieuse dans le cas du messianisme juif, juridique dans le cas de l’état d’exception, serait donc susceptible d’un changement significatif d’état. L’examen de cette proximité entre les deux figures nous oblige alors à renouer avec le caractère éminemment politique que possède le messianisme originaire, capable d’accorder une véritable structure conceptuelle à la question de la souveraineté. La politique révolutionnaire et prolétarienne dont parle Benjamin pourrait alors apparaître comme étant l’équivalent profane de la rédemption messianique.