Abstract
«L’œuvre de Merleau-Ponty est tout entière commandée par le souci de mettre en œuvre aussi rigoureusement que possible le mot d’ordre husserlien de “retour aux choses mêmes”». C’est ainsi que s’ouvre l’avant-propos du livre de Barbaras sur la philosophie de Merleau-Ponty. Cette citation donne déjà le ton de l’ouvrage qui constitue une longue, profonde et parfois répétitive réflexion sur la phénoménologie merleau-pontienne, une réflexion qui porte essentiellement sur les rapports entre sujet percevant et monde perçu. En fait, l’ouvrage de Barbaras traite longuement du tournant «ontologique» dans la phénoménologie de Merleau-Ponty, de ce passage de la Phénoménologie de la perception au Visible et l’invisible. Ce passage constituerait le délaissement de la perspective initiale empruntée par Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception qui évoluait encore à l’intérieur des cadres de la phénoménologie husserlienne avec son appareillage conceptuel et langagier propre au rationalisme néocartésien. Avec le Visible et l’invisible, Merleau-Ponty effectuerait un «saut», qu’on pourrait qualifier d’«ontologique» en ce sens qu’il s’y lancerait dans la recherche d’une nouvelle forme d’expression philosophique plus apte à rendre compte rigoureusement de l’expérience même de la perception. La méthode utilisée dans Phénoménologie de la perception, celle de la réduction, ne conviendrait plus, parce qu’elle puise encore à la source de la tradition husserlienne inscrite dans une perspective impropre à rendre compte de la relation particulière du «je» avec son monde environnant.