Puissance maternelle et pouvoir politique. La régence des reines mères

Clio 21:69-90 (2005)
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Abstract

Si la loi salique empêche les femmes de régner par elles-mêmes, elle leur confère finalement un pouvoir considérable lors des minorités royales. Incapables d’usurper, les reines mères se voient régulièrement confier le gouvernement en même temps que l’éducation de leur jeune fils à la mort de l’époux. L’amour maternel, inscrit dans le registre des lois naturelles, est un argument régulièrement évoqué, tant pour contrer la naturelle incapacité des femmes à gouverner que les jurisconsultes avancent pour justifier la loi salique, que pour appuyer l’autorité sans pareille des régentes. Mais au-delà d’une rhétorique du pouvoir, le lien filial qui unit mère et fils, lesquels sont aussi reine et roi, permet la reconstitution d’un couple royal qui représente à la fois continuité dynastique et stabilité politique. A ceci près que, dans cette figure du pouvoir reconstituée, le fils procède de la mère quand la reine devait son titre à l’époux. Ainsi, le devoir de maternité imposé à la souveraine permet certes un accroissement de la puissance monarchique, ne serait-ce que par la transmission, au jeune monarque, des héritages maternels et paternels, mais assure aussi à la reine de France une puissance que les bornes imposées par l’institution ne peuvent contenir, en contrôlant, par l’exercice de la régence, la source même de son autorité.

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