Noesis 26:247-263 (
2016)
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Abstract
Deleuze, même s’il n’en fait presque jamais mention, connaît très bien la pensée de Nicolas de Cues, qu’il a abordée sans doute par la médiation de Maurice de Gandillac, son directeur de thèse. Le thème où l’influence du Cusain se marque le plus clairement est celui de l’Idiot. L’idiot pour Deleuze est l’homme qui philosophe avec les seules ressources de la raison naturelle, sans révélation ni recours à des traditions livresques. Or, dans la conception que Deleuze se fait de la pensée, l’événement vient sortir l’esprit humain de sa torpeur native et l’invite à faire face à de l’inédit, vis-à-vis duquel la pensée est, au départ, démunie. En ce sens, penser véritablement, « c’est faire l’idiot ». L’article examine aussi quelques thématiques connexes : la philosophie comme production de concepts, la nature du concept constitué de notes caractéristiques, le statut du monde et celui des images dans ses études sur le cinéma. Dans ces différents champs, l’influence de Nicolas de Cues sur Deleuze est indéniable.