Abstract
Le rapport de Spinoza à l’histoire est ici envisagé comme rapport à l’histoire de la philosophie. Il s’agit non d’une recherche de sources ou d’influences de la doctrine, mais d’examiner le geste propre qu’aurait Spinoza-philosophe de rappeler le passé de la philosophie. Peut-on légitimement qualifier d’« historique » l’usage qu’il fait de ce passé? L’évocation, la correction ou la réfutation font-elles apparaître, sous la plume de Spinoza, une forme d’historicité de la philosophie? L’idée ici proposée est la suivante : la considération successive des philosophes, des mots et des motifs de rédaction des Principia ne révèle, en dépit des apparences, nulle histoire authentique, mais autant de stratégies discursives (tracer, narrer, constituer) propres à établir les éléments d’une « vraie » philosophie et, par là même, à se situer soi-même par démarcation et promotion d’une pensée propre.