Abstract
La langue de bois propre aux régimes totalitaires peut être décrite avec les moyens de la linguistique comme une distorsion affectant les différentes composantes fondamentales du discours. Lorsque la langue se lignifie, il n’y a plus de sujet présent à sa propre parole ; plus de référent auquel la parole se rapporte ; plus d’interlocuteur véritable ni d’échange vivant entre les interlocuteurs ; plus de va-et-vient entre la parole et les ressources de la langue. Mais étant donné que toute communication est problématique, c’est-à-dire non assurée d’avance, il n’existe aucun autre remède à la lignification de la langue qu’une pratique langagière libre qui met en œuvre ces différentes composantes.The characteristic « wooden language » of totalitarian bureaucracies can be described in linguistic terms as a distortion of the various « fundamental components of speech ». When language turns « wooden », there is no longer a « subject » or « referent » to whom or to which the words apply, no real « interlocutor », no real exchanges between interlocutors, and no shuttle movement between speech and « the resources of the language » in which it is delivered. However, given that communication is always problematic, in that it cannot be taken for granted, there is no remedy when « language turns wooden » other than freeing it to bring all its different components into play