Abstract
Léon Dumont (1837-1877) développe des réflexions philosophiques et physiologiques sur l’habitude qui révèlent une connaissance approfondie et critique des écrits de Maine de Biran, Ravaisson, Albert Lemoine et Comte. À la suite de Hamilton, il construit une science de la sensibilité qu’il nomme « esthétique », rompant avec la tradition de Baumgarten. Pour lui, l’habitude est conditionnée par le plaisir dans les êtres organiques dotés d’un certain degré de conscience, ce qui leur permet de s’autodéterminer et d’évoluer. Une contradiction apparaît dans le rôle attribué au plaisir : une habitude stabilisée diminue la sensibilité, laquelle est néanmoins nécessaire pour établir cette habitude. Dumont rend compte de la complexité du plaisir, ainsi que des alliances et des luttes des habitudes entre elles pour conserver une organisation efficace du point de vue de la sélection naturelle.