Abstract
Cet article a pour objectif d’étudier quelques-unes des transformations qui s’opèrent sur le langage de la pensée postkantienne, en particulier sur le langage romantique de Friedrich Schlegel et Ludwig Tieck. L’on part tout d’abord d’une critique du langage transcendantal, que vient renforcer une réflexion sur l’insuffisance du schème postkantien de l’auto-engendrement. S’il ne quitte jamais tout à fait un tel langage transcendantal, lesté de réflexivité, L’Athenäum cherche à défier constamment le transcendantal par un recours à l’imprévisibilité de l’histoire, et à défier la contingence de l’histoire par le caractère toujours imprévu de la nécessité transcendantale que l’on ne cesse de reconstruire. On tente de montrer que telle est la condition d’une véritable critique esthétique qui soit aussi, et par là même, une critique sociale ouverte et inachevable. Sur ce chemin, la narration devient une alliée stratégique indispensable. C’est pourquoi, après le déploiement du projet schlégélien, l’on étudie deux réalisations littéraires de Ludwig Tieck, rejouant de façon particulièrement frappante le dialogue entre le nécessaire et le contingent, dont le pivot est l’imprévisibilité.