Brentano et Husserl sur la perception sensible
Abstract
On nous a habitué, dans les études husserliennes, à traiter de la ques tion du rapport de la phénoménologie des Recherches logiques à Brentano dans la perspective de la critique que Husserl adresse à la théorie immanen tiste de l’intentionnalité dans cet ouvrage*. Mais cette perspective laisse dans l’ombre un enjeu fondamental de la question qui sous-tend les discussions de Husserl dans la § 15 de la cinquième Recherche et dans l’Appendice au deuxième volume de l’ouvrage, à savoir ce que j’appellerai par commodité la thèse du caractère coextensif de la conscience, de l’inten tionnalité et de la pensée. Je voudrais montrer que la critique que Husserl adresse à cette thèse s’appuie sur la distinction introduite dans ses premiers travaux à Halle entre les actes et les contenus sensibles ou contenus pri maires, plus précisément entre deux classes au sein de l’expérience sensible, la première correspondant aux phénomènes psychiques de Brentano, l’autre, qui n’est pas intention nelle, correspond à ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la conscience ou l’expérience phénoménale. Pour ce faire, j’exami nerai la critique de la théorie de la perception de Brentano (uniquement celle de sa Psychologie de 1874) dans la première édition des Recherches logiques ainsi que dans un traité sur la perception publié récemment sous le titre de « Abhandlung über Wahrnehmung von 1898 » qui était vraisemblablement destiné à la deuxième série des Re cherches logiques.