Abstract
Cet article analyse le sens que prend, dans l’activité théorique de Lukács des années 1930, la notion de narration, cruciale dans ses travaux ultérieurs. On y fait l’hypothèse que c’est l’événement révolutionnaire russe et ses suites qui posent directement la question du statut de la narration dans le discours politique révolutionnaire et tous les problèmes liés : continuité historique et importance de l’héritage, point de vue de l’écriture de l’histoire, etc. Lukács partage ce questionnement avec les théoriciens du réalisme socialiste, alors en voie de formalisation (et de stérilisation), mais il leur confère une dimension théorique qui sera plus tard réinvestie, en premier lieu dans l’ Esthétique, et lui permettra de préciser le statut du marxisme au sein des sciences sociales.