Abstract
La parentalité est ici décrite dans le contexte spécifique où un enfant prend en charge un parent dément. Une relation nouvelle, due à la maladie, s’instaure entre les deux partenaires. La détérioration des capacités du malade, l’augmentation concomitante de la prise en charge par l’aidant peuvent laisser penser à un retour en enfance pour l’un, et à une inversion des rôles pour l’autre qui deviendrait parent de son parent. Il n’en est rien. Le parent continue de disposer d’un sens générationnel qu’il exprime jusqu’à un stade avancé de la maladie. L’aidant filial maintient la relation en opérant simultanément un travail de différentiation envers le parent, et de rapprochement vis-à-vis d’un esprit de la famille, un « hau » singulier au groupe dans lequel il puise les conditions de sa propre subjectivité. Le parent assure une parentalité que nous avons définie comme génitalité en ce qu’il est toujours à l’origine de ce nouvel être, l’aidant filial. L’enfant pour sa part développe une parenta-lité de proximité en demeurant fidèle à l’« esprit » du groupe.