Abstract
La doxa exégétique dresse souvent un portrait de Freud en éternel pessimiste et en critique du communisme. Or, en 1918, Freud plaide pour une psychanalyse populaire dont la vocation serait d’être prise en charge par l’État. Dans la séquence des révolutions socialistes qui suit, s’ouvrent dans cette perspective plusieurs policliniques privées. Mais c’est au pays des soviets que le vœu freudien se réalise le plus complètement, avec la mise en place d’un Institut psychanalytique d’État auquel est rattaché un home d’enfants. L’appui de Freud aux pratiques analytiques très politisées d’alors, y compris en Russie communiste, tout comme l’oubli relatif de cette historiographie, ouvrent une réévaluation critique de l’héritage freudien et de sa transmission dans ses rapports au politique.