Abstract
Face à l’extension d’un art disséminé, nous nous arrêtons sur un registre de pratiques et de notions malentendues, les arts martiaux japonais, confondus avec des « sports de combat ». Par « art » nous entendons une conduite soucieuse de mener une pratique et une production à la perfection, et foncièrement à la perfection de soi, quelle que soit la manière culturelle locale d’envisager cet état d’accomplissement. En regard de l’art du bouquet ( ikebana ), de pratiques shintoïstes (comme le kototama ), nous examinons des notions comme celle d’art martial ou bugei, littéralement l’art ( gei ) d’arrêter la lance ( bu ). Ce que les Occidentaux ont interprété comme un « art de la guerre » se voulait un « art de la paix ». Les arts martiaux japonais mobilisent en ce sens des notions et des expériences parfois connues en Occident comme le ki, l’énergie, ou méconnues comme le shin (le cœur-esprit), le ma (l’espace-temps) ou l’ aï (l’un). Nous nous proposons de démonter un malentendu à partir d’une pratique artistique, le kino-michi, élaboré par Masamichi Noro, dérivée de l’aïkido, en vue de comprendre en quoi ces bugei sont une éducation, une élévation de l’âme et du corps au même titre que la musique ou la danse.