Abstract
Les spécialistes de l’archéologie des médias défendent une conception non-linéaire de l’histoire du cinéma, en analysant la façon dont les avancées technologiques et les dispositifs concrets contribuent activement à modifier nos modes de perception. Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway constitue un exemple remarquable de « métacinéma » mettant en pratique l’archéologie des médias dans le corps même du film, par le biais de citations visuelles renvoyant à d’autres médias ou d’autres pratiques artistiques, comme la peinture de la Renaissance italienne ou la peinture hollandaise. Le présent essai offre donc une analyse détaillée de Meurtre dans un jardin anglais comme archéologie du cadre cinématique. Le cadre est pour Derrida « la structure décisive de l’enjeu » en ce qu’il renvoie au parergon, marquant ainsi les limites de l’œuvre d’art. Nous nous attacherons donc à décrire les différents types de cadrages appliqués aux nombreux médias présents ou « cités » dans le film : pellicules cinématographiques, écrans, dessins de paysages, miroirs plats ou convexes, tableaux, etc. Ces différents « cadrages » nous fourniront autant de clés de lecture pour comprendre les transformations que subit un médium artistique donné quand il est « re-présenté » par un autre.