Abstract
Les textes de Kafka sont devenus insaisissables et ont disparu dans des herméneutiques, sous des transcendances théologiques, psychologiques ou ontologiques. Pour redécouvrir leur puissance littéraire, il faut peut-être analyser la manière dont Kafka invente un rêve-cauchemar, conjonction de littérarité et d’allégorie. Son écriture dessine des figures inquiétantes (un trapéziste, un jeûneur, une cantatrice) qui métonymisent et métaphorisent l’art de l’écriture. Dans le recueil L’Artiste de la faim, la littérature de Kafka se pense de manière non tautégorique mais allégorique, elle déjoue toute mythologisation d’elle-même et défigure les mythes littéraires par des métamorphoses. Dans Les Recherches d’un chien, Kafka noue de nouveau ensemble la faim et l’animalité et il joue d’un immense lapsus où chien se substitue syntaxiquement au nom qui n’est jamais écrit dans ses textes de fiction : Juif.