Abstract
On ne peut pas demander à un livret l’opéra de reproduire exactement le texte de l’ouvrage dont il s’inspire. Les prétendues « faiblesses » des livrets se justifient par le fait qu’ils n’existent que pour être mis en musique. Dans quelques rares cas où le livret suit à la lettre le texte d’origine, la musique suit le contour des mots, mais, d’ordinaire, la musique pallie le manque de poéticité des livrets. Cela paraît particulièrement le cas dans les opéras du XIXe siècle. En conséquence, il semble impossible de parler des livrets sans prendre la musique en considération. Dans le cas d’Hamlet, comment les librettistes ont-ils abordé le texte? Où peut-on retrouver la tragédie de Shakespeare dans l’opéra d’Ambroise Thomas? Quelle lumière l’opéra apporte-t-il sur la réception de Shakespeare au XIXe siècle? Voilà quelques questions auxquelles cet article tentera de répondre. An opera libretto cannot be expected to reproduce the exact text of the literary or dramatic work on which it is based. The so-called “weaknesses” of the libretti may be accounted for by the fact that they are meant to be set to music. In some rare cases, where the libretto uses part of the original text, the music closely follows the shape of the words, but usually it fulfills a poetical aspect lacking in the text. This seems particularly true when we consider 19th century opera. This implies that it is impossible to deal with the libretti without taking the music into account. In the case of Hamlet, what is the librettists’ approach? Where is Shakespeare’s tragedy to be found in Ambroise Thomas’s opera? What light does the opera shed on the reception of Shakespeare in the 19th century? These are the questions this article tries to answer.