Abstract
La discussion sur l'authenticité du deuxième livre de la Métaphysique d'Aristote (Petit Alpha), qui dure depuis un millénaire, a pour origine une scholie qui se trouve dans le Parisinus gr. 1853 (Xe siècle) à la jonction du premier et du deuxième livre. Or, cette scholie a été copiée par la même main que celle qui a ajouté une scholie d'un contenu comparable à la fin de la Métaphysique de Théophraste. Ce fait était passé inaperçu, parce que ce scribe a utilisé différentes écritures: droite ou penchée, calligraphique ou cursive. L'ensemble des témoignages et indices déjà examinés par Gudrun Vuillemin-Diem, d'une part, et par Enrico Berti, d'autre part, est analysé et réinterprété à la lumière de cette nouvelle information, qui permet d'établir que c'est le premier livre de la Métaphysique, et non le deuxième, qui était attribué par certains à Pasiclès de Rhodes, comme en témoignait déjà Asclépios. Le contenu et la formulation très proches des deux scholies permettent de penser qu'elles viennent d'un même érudit: à l'aide, notamment, des commentaires d'Alexandre et d'Asclépios à la Métaphysique d'Aristote, de l'étude de Nicolas de Damas ou des catalogues d'Hermippe et d'Andronicos, il a préparé une 'édition' d'Aristote destinée à devenir un modèle de référence. Dans la tradition latine, Grand Alpha a été accidentellement attribué à Théophraste à cause de la seconde scholie. Mais la discussion dont témoigne la première scholie a pu également être provoquée dès l'origine par celle que rapporte la seconde scholie: la Métaphysique de Théophraste avait probablement été transmise comme un traité aristotélicien, jusqu'à ce que Nicolas de Damas en restitue la paternité à Théophraste; par suite, l'authenticité d'autres livres du corpus aristotélicien a pu également être mise en doute, mais parce qu'ils posaient des problèmes d'ordre éditorial, il y a deux millénaires déjà