Abstract
La paléontologie a connu au cours du XXe siècle une « révolution paléobiologique » (Sepkoski et Ruse, 2009), en se constituant comme science théorique et intégrée à la biologie de l’évolution. Si l’histoire de la paléoanthropologie reflète un tournant similaire, la révolution paléobiologique reste, à plusieurs égards, inachevée dans cette discipline. Cet article analyse les causes de cet inachèvement, en identifiant des limites empiriques, relatives aux particularités du registre fossile de la paléoanthropologie, mais aussi des limites épistémologiques, rapportées à différentes conceptions de la paléobiologie en jeu dans cette discipline. Nous montrons enfin qu’il est nécessaire de prendre en considération la spécificité anthropologique de la discipline pour apprécier la particularité du tournant paléobiologique dans le champ de l’évolution humaine.