Abstract
Après une note sur la personnalité d'Henri de Gand et sur ses œuvres, l'auteur aborde la prise de position de ce philosophe de la fin du XIIIe siècle, dans le problème traditionnel de l'éternité du monde, traité par lui dans son Quodlibet I, q. 7-8. Henri a tenté de prouver par la raison, ce que d'autres plosophes chrétiens, dont s. Thomas, pensaient ne savoir avec certitude que par la foi: le monde n'existe pas de toute éternité. Sans vouloir résumer tout son raisonnement, riche et complexe, on peut observer que le noyau de celui-ci réside dans sa conception personnelle des rapports entre l'essence et l'existence dans la créature. La créature, de soi, n'existe que dans la pensée de Dieu, sous la forme de son „exemplar” éternel. Mais au plan de l'existence effective, elle n'a de soi que la non-existence. Dès lors, pour être réalisée, pour exister de fait, la créature doit forcément passer de ce premier état de non-existence effective à l'état d'existence effective, ce qui ne peut se faire que par un acte libre de la Cause créatrice. Ce passage d'un état de non-existence à un état d'existence n'a rien à voir avec la génération physique ou le mouvement dans l'ordre physique. En tant que „transformation métaphysique", sans matière préexistante, il doit être instantané : c'est-à-dire qu'il doit se passer à un moment bien précis. Il doit donc y avoir un avant, puisqu'il s'agit du passage d'un état antérieur à un autre état : si on le reculait de toute éternité, cet autre état serait éliminé. L'auteur publie ensuite l'édition critique des deux questions où elle s'exprime