Abstract
Le Commentarium in Convivium Platonis de Marsile Ficin célèbre le Banquet de Platon. Mais dans cette reprise laudative, de notables infléchissements témoignent d’une réinterprétation décisive du legs du platonisme. En se centrant sur la seule réécriture du portrait de Socrate par Alcibiade, l’article met ainsi en évidence des modifications troublantes et répétées de détail en détail – la laideur du silène, l’atopie du philosophe et la puissance corybantique de ce Marsyas disparaissent au profit de l’éloge d’un Socrate qui « charme » par son éloquence supérieure et apparaît comme un verus amator. Loin d’être mineures, ces modifications répondent en fait à un remaniement métaphysique de la conception de l’amour et, conséquemment, de la « philo-sophie », où se perd la dimension inquiétante de la mania platonicienne. L’effroi de la dépossession est désormais circonscrit dans le circuitus spiritualis normé d’une harmonie cosmique.