Abstract
Cet article cherche à montrer qu’amour et politique sont étroitement liés dans le De natura rerum de Lucrèce. D’une part, l’amour-passion, au Livre IV, se révèle aussi vain que le désir du pouvoir politique; d’autre part, le livre V oppose implicitement le désir sexuel des premiers êtres humains au « bien commun » qui gouverne les organisations sociales. En outre, la description, au livre IV, d’une sexualité exempte de passion, ou amour libre, caractérisée par un désir mutuel et un plaisir partagé, fait office de contre-modèle ou de paradigme alternatif face à l’aliénation et à la violence politiques et sociales. En d’autres termes, l’objet de cet article est de montrer qu’amour, sexe et politique font l’objet chez Lucrèce d’une même approche, où l’on peut voir à la fois une composante importante de sa thérapie de l’âme et une profonde défiance à l’égard de la vie sociale et des activités politiques.