Abstract
Les réseaux sociaux sont l’une des pierres angulaires des dynamiques transnationales, qui articulent dans les études sur la migration espaces d’origine et de destination au travers de liens maintenus à travers la distance et dans la durée. La recherche porte sur les temporalités, analysées sur trente ans, de la constitution de réseaux sociaux au sein d’un groupe composé initialement de 72 Jummas, une minorité opprimée du Bangladesh, arrivés enfants en France en 1987 à la suite d’une opération d’exfiltration depuis des camps de réfugiés situés en Inde, et placés dans des familles d’accueil dispersées sur le territoire national. L’article articule une analyse, à un niveau micro, des trajectoires individuelles, lues à travers l’évolution de quelques réseaux personnels, reconstitués a posteriori sur un quart de siècle, qui témoignent de l’évolution d’ancrages individuels, entre ici et là-bas, et, à un niveau méso, une lecture des processus plus collectifs de mise en réseau qui témoignent de la fabrique d’une communauté transnationale. Grâce à la spatialisation des processus de mise en lien, l’article analyse la façon dont temporalités et spatialités des réseaux posent la question du rôle de la distance et de la connexion dans les dynamiques territoriales.