Abstract
Si les approches des dispositifs de durabilité se sont multipliées ces dernières années, elles se sont principalement portées sur le projet de développement et sa mise en œuvre. Les effets du passage du temps demeurent aujourd’hui peu connus car encore guère étudiés de manière systématique. La technique de la revisite est ici mobilisée afin de comprendre et d’expliquer les variations ayant lieu au cours du temps. Peu d’attention est accordée à ce qui déroute. Que peut-on apprendre des dynamiques qui décontenancent, dérivent de l’itinéraire prévu, voire modifient sa consistance? Ne faut-il pas envisager les équilibres inattendus ou instables tant dans la rhétorique qu’en pratique? On montre ici comment l’analyse du développement durable sous l’angle des temporalités peut s’avérer féconde afin de repenser la manière dont les professionnels du secteur du logement et les habitants reçoivent et intègrent dans leur existence les changements de paradigmes induits par l’action politique. Des combinatoires d’opérations plutôt que des trajectoires sédimentées, les revisites des terrains bâtis il y a dix ans discernent l’envers d’un cadrage stratégique à l’endroit du développement de l’habitat durable. Bien souvent assimilés à des revers, les contretemps déconcertent et, ce faisant, dénotent une prénotion dominante sur la durabilité, celle d’un temps planifié de manière unifiée.