Abstract
Comte présente souvent sa classification des sciences fort dogmatiquement. Nous étudions ici sa genèse à partir des oeuvres de jeunesse. Un double mouvement est analysé: d’une part, la présentation d’« états» successifs des connaissances est peu à peu promue en « loi »; d’autre part, dans ses énoncés de l’ordre des sciences positives, Comte, multipliant et affinant ses critères, finit par établir ce qu’il appelle son «échelle encyclopédique» et sa «hiérarchie des sciences». Nous montrons comment Comte fait se correspondre les opérateurs de distribution – théorie/pratique, général/particulier, fondamental/appliqué, abstrait/concret – et comment il les articule hiérarchiquement. Les enjeux de la classification comtienne sont aussi précisés: toujours liée au souci d’établir un plan d’éducation scientifique, elle l’est aussi à des visées socio-politiques générales car une bonne éducation scientifique est pour Comte la condition d’une régénération sociale.