Abstract
La tradition phénoménologique s'oppose aux sciences cogmttves contemporaines en ceci que le corps propre n'est pas, pour elle, une simple chose du monde physique dont l'esprit-cerveau contiendrait une représentation mentale, mais qu'il est plutôt constitué en son sens d'être pour le sujet par son usage et son appropriation active par ce même sujet, en tant qu'être agissant. Or, il existe une affinité, encore non reconnue, entre cette conception et celle qui ressort de la littérature en cartographie cérébrale des vingt dernières années, d'une neurodynamique morphogénétique fonctionnelle induite et modulée par l'expérience, en une relative autonomie par rapport aux structures anatomiques du corps comme aux frontières cytoarchitectoniques du cerveau. Tirant parti de cette affinité, nous prenons appui sur les données des neurosciences pour réhabiliter contre sa dévalorisation par les sciences cognitives la théorie de la constitution de Husserl, en revenant de ses adaptations ultérieures (Merleau-Ponty) à sa forme authentique, qui est celle de l'auto-constitution subjective (transcendantale) du corps propre sur la base de l'expérience pratico-kinesthésique du «je meus mon corps ».