Abstract
Une phénoménologie prenant son point de départ dans l’évidence absolue du cogito est-elle encore possible, ou rejetée dans le passé périmé par les critiques qui en mettent en doute le caractère d’évidence absolue? Mais la méthode de réflexion transcendantale est-elle véritablement d’ascendance cartésienne? Nous tentons de montrer que, qu’il soit ou non interprété comme le résultat d’une démarche de réflexion, le cogito cartésien n’est nullement corrélatif d’une description réflexive des structures de la conscience, mais qu’un tel projet a plutôt ses racines dans la Logique de Port-Royal, chez Malebranche et Leibniz. Puis, analysant la critique de fond adressée par Natorp à la thèse husserlienne de l’accès réflexif de la conscience pure, nous mettons en question cette dernière sur un double exemple (les modes de la conscience sensible et les actes de la conscience mathématicienne), pour montrer qu’à la démarche de réflexion transcendantale (censée saisir directement dans leur effectuation les vécus de la conscience) doit se substituer une démarche indirecte de reconstitution régressive, qui part des objets pour élucider les données et actes qui sont nécessaires à leur constitution.