Abstract
L’exercice artistique suppose un rapport au temps spécifique : l’homme s’exerçant à son art répète, reprend, corrige ses gestes. Mais en va-t-il de même concernant la réception des œuvres : la perception du spectateur s’exerce-t-elle par répétition et variation des expériences esthétiques? L’objet de cet article est de montrer qu’il existe un type d’exercice dont le mécanisme repose plutôt sur la déstabilisation des habitudes de perception. À partir des réflexions valéryennes sur l’informe dans l’Introduction à la méthode de Léonard de Vinci et Degas, Danse, Dessin, nous proposons de penser un exercice de la perception qui passe par la décomposition de ses mécanismes. Cette idée trouve sa réalisation dans des dispositifs artistiques labyrinthiques tels que l’exposition Contact d’Olafur Eliasson (Fondation Louis Vuitton, 2014-2015) qui, en perturbant les échelles d’espace et de temps, oblige le récepteur à produire consciemment le travail de cohérence de la synthèse perceptive.