Abstract
La doctrine du ‘contrat social’ a fait récemment une réapparition dans l'ouvrage A Theory of Justice de John Rawls. D'un avis unanime, chacun reconnaît l'importance de ce livre. Et cependant son contenu est objet de critiques divergentes. Le présent article est conçu comme une modeste contribution aux débats en cours. Après une rapide esquisse des idées maîtresses de Rawls, l'auteur dresse un bilan synoptique des conceptions du contrat social de Hobbes, Locke, Rousseau et Kant. Sont mis en évidence : 1° le fait que ces quatre philosophes parlent d'un droit naturel immuable 2° le fait que, tout en étant révolutionnaires sur le plan des idées politiques, ils ne sont pas parvenus à déceler les problèmes sociaux. Rawls a intégré l'inspiration socialiste -la préoccupation de la justice sociale -dans la théorie du contrat social. Il insiste sur le dialogue impartial, base de la recherche des principes de justice politique et sociale. Son ouvrage souffre néanmoins d'une profonde incohérence. Rawls s'est tourné vers la tradition du contrat social pour sortir de l'utilitarisme, sa pensée est en effet dirigée par une inspiration toute différente. Pourtant, dans sa déduction des principes de justice, il retombe dans l'utilitarisme qu'il voulait éviter. L'ambiguïté qui en résulte le place dans l'impossibilité de répondre valablement à une critique venue de divers côtés.