Abstract
Contre toute attente, si l’on adopte la perspective d’un « augustinisme politique », les concepts de « cité céleste » et de « cité terrestre » ne font justement l’objet d’aucune interprétation politique dans les milieux intellectuels franciscains du xiii e siècle. Jérusalem et Babylone représentent d’abord des manières d’être et de vivre ensemble, et font donc l’objet d’une lecture spirituelle. Les frères mineurs n’en ont pas moins essayé d’esquisser, à l’écart des deux cités mystiques, un espace intermédiaire, cité des hommes, qui pouvait prendre la forme d’une république chrétienne universelle (Roger Bacon), d’une théocratie juridique dont le pape est le sommet terrestre (Bonaventure), ou plus radicalement d’une anticipation de la Jérusalem céleste. Cette dernière voie est celle du joachimisme, dont Bonaventure a tenté de présenter une version orthodoxe à travers l’image de la Jérusalem d’en bas.