Abstract
L’objet principal de cette étude est d’examiner les enjeux philosophiques de la confrontation entre Fink et Heidegger en 1967 sur Héraclite. Le désaccord se noue autour de la question du monde, centrale pour Fink au sein de sa perspective cosmologique dont il est l’inventeur. Dans un premier temps nous expliquons comment le jeune Fink en vient progressivement, au terme d’un dialogue complexe avec Husserl, à son tournant cosmologique. Dans un second temps, nous montrons pourquoi Heidegger n’a pour sa part jamais été convaincu par la voie cosmologique. Dans le troisième temps de ce travail nous en venons à la controverse proprement dite, entre Heidegger et Fink, au sujet d’Héraclite, et nous tâchons d’établir que leurs désaccords illustrent ou révèlent une opposition plus profonde sur le sens de l’ontologie phénoménologique elle-même, et permettent par voie de conséquence de confirmer la grande originalité de la pensée de Fink, qui constitue sans ambiguïté possible une voie autonome dans cette tradition, irréductible à quelque version épigonale que ce soit de l’un ou de l’autre de ses deux maîtres en philosophie que furent Husserl et Heidegger.